Les retraités des industries électriques et gazières sont couverts par quatre régimes frais de santé. Les deux premiers, "de base" et "complémentaire", sont obligatoires et gérés par la CAMIEG. Les deux derniers, dont le régime CSMR assuré par Solimut Mutuelle de France, sont facultatifs et gérés par la Mutieg. FO n'apprécie guère la manière dont la CGT organise ce régime "supplémentaire".
Un régime déficitaire... mais excédentaire
Les représentants des salariés actifs et retraités des IEG ont récemment pris connaissance du bilan financier 2016 et des perspectives 2017 et 2018 de leurs régimes de protection sociale. Ils ont notamment appris qu'avec des dépenses s'élevant à 58,45 millions d'euros, le régime CSMR a fini l'exercice 2016 sur un déficit de 4,34 millions d'euros. FO relève qu'un tel résultat n'était pas prévu, dans la mesure où les gestionnaires du régime misaient sur un niveau de dépenses de 54,2 millions d'euros.
Ceci étant dit, la situation générale du régime facultatif n'est pas si mauvaise que cela. A la fin de l'année 2015, il était excédentaire de près de 14,5 millions d'euros. Autrement dit, à l'issue de l'année 2016, il demeure excédentaire d'environ 10 millions d'euros.
Des perspectives compliquées
Etant donné les résultats négatifs de l'exercice 2016, Solimut et la Mutieg ont pensé qu'il serait bon d'étudier de près les perspectives de l'année 2017. Ils postulent une hausse de 1,5 % du nombre de cotisants au régime CSMR et une hausse de 2 % des dépenses. En partant de ces éléments, ils considèrent que le déficit pourrait atteindre 5,5 millions d'euros. Autant dire que l'on commencerait à entrer dans le dur.
Partant de là, Solimut et la Mutieg ont proposé des mesures d'économie plutôt sévères. D'après FO, ils ont d'une part jugé nécessaire de diminuer à nouveau les prestations. Surtout, ils ont demandé une hausse de 10 % des cotisations en 2018.
FO la généreuse
FO s'oppose fermement aux propositions de rééquilibrage avancées par les assureurs du régime. "Et de deux en deux ans pour ce qui est de la baisse des remboursements" déplore ainsi le syndicat. Au sujet de la hausse des cotisations, FO tonne : "une nouvelle couche après celles déjà encaissées depuis plusieurs années". Au total, FO estime que ces mesures constitueraient "une remise en cause inacceptable de la protection maladie des retraités et de leur famille".
Au contraire, le syndicat revendique un alignement des prestations des retraités sur celles des actifs, ainsi qu'une "révision de la grille des cotisations pour compenser l’impact des mesures fiscales qui ont touché les retraités", c'est-à-dire une baisse des cotisations. Contre les tenants de la rigueur pour les retraités, FO se veut généreuse avec les inactifs.
Afin de couper court à toute accusation de manque de réalisme face à la situation financière du régime CSMR, FO en minimise d'abord la gravité. Elle qualifie de "petite erreur de trajectoire de 8 %" l'écart entre les dépenses prévisionnelles 2016 et les dépenses réelles 2016 - écart représentant, en l'occurrence, le déficit. Une paille ! Surtout, le syndicat propose une piste d'augmentation importante des ressources du régime. Elle souhaite que "la participation financière des activités sociales" soit portée "à hauteur de 50 % a minima des cotisations", précisant que dans l'état actuel des choses, "les 27 millions d’euros alloués à la CSMR ne représentent qu’à peine 30 % du montant des cotisations".
La CGT en ligne de mire
Certains d'entre nos lecteurs se demandent sans doute qui est ce financeur providentiel auquel il est fait référence par l'expression "activités sociales". Il s'agit en réalité de la fameuse caisse centrale des activités sociales (CCAS) des personnels des IEG, véritable Etat dans l'Etat. Co-financeur du régime supplémentaire des retraités, la CCAS est en outre l'instance qui décide du niveau des prestations et cotisations du régime. En d'autres termes, la CCAS joue un rôle fondamental dans l'organisation du régime CSMR.
Or, il s'avère que la CCAS est entre les mains de la CGT. On comprend soudainement beaucoup mieux les emportements et revendications de FO... A la décharge de la CGT, il faut pourtant préciser qu'une revalorisation des cotisations CSMR de 10 % signifierait à un retour aux niveaux de cotisation qui étaient ceux de 2013 et 2015. Par ailleurs, il est loin d'être évident que la CGT s'attirera les foudres des personnels en refusant de puiser dans les fonds de la CCAS pour financer un alignement des prestations des retraités sur celle des salariés. Pour rappel, en 2015, les dépenses santé des retraités ont en effet atteint près de 60 millions d'euros, tandis que celui des actifs s'est élevé à 36.5 millions d'euros.
Quoiqu'il en soit, force est finalement de relever que la couverture santé facultative des retraités des IEG risque fort de se dégrader dans les mois qui viennent.