En juin 2016, nous avions été les premiers à annoncer le divorce entre Audiens et sa mutuelle. En janvier dernier, à l'initiative de Laurent Joseph, le président CGT de la mutuelle, l'assemblée générale de la mutuelle a décidé de se loger chez Harmonie Mutuelle. Un choix aujourd'hui brocardé par le vice-président d'Audiens... issu de la CGT !
"Un choix cohérent"...
Souhaitant effectuer une "mise au point" quant au départ d'Audiens de son ex-mutuelle, Jean-François Ropert, secrétaire de la catégorie des photograveurs de la CGT livre et communication écrite et, surtout, vice-président de la sommitale d'Audiens, s'est fendu d'une missive destinée aux intéressés par le dossier. Cette missive nous est parvenue, nous la reproduisons en fin de cet article. Jean-François Ropert y développe longuement son point de vue sur le "choix cohérent" des mutualistes. Une cohérence qui, c'est le moins que l'on puisse dire, n'apparaît en réalité pas très évidente à la lecture des propos du vice-président de la sommitale d'Audiens.
M. Ropert démonte d'abord les arguments mis en avant par les sécessionnistes. En particulier, il dénonce leur "méconnaissance totale du dossier" à propos de leur refus d'intégrer l'Alliance pro au motif que ceci implique la création d'un "groupe prudentiel" : il rappelle que la forme du groupe prudentiel résulte de la mise en oeuvre de Solvabilité 2. En outre, il s'oppose vivement à "ce qui a été colporté" au sujet d'une supposée préférence d'Audiens pour le développement de son IP au détriment de celui de sa mutuelle. Enfin, il assure que contrairement a ce qui a été dit, la "création d'un pôle mutualiste" n'a jamais été refusée par la direction d'Audiens, pour la simple raison que cette demande ne lui a jamais été soumise.
Poursuivant sur sa lancée, Jean-François Ropert salue encore le "choix cohérent" de la mutuelle qui, bien qu'ayant "bénéficié" de la dynamique du groupement professionnel Audiens et bien qu'ayant déploré les risques de dilution du GPS dans l'Alliance pro, a décidé de rejoindre une "union interprofessionnelle". De la même manière, M. Ropert félicite le "choix cohérent" des responsables de la mutuelle qui, tout en jugeant que leur "autonomie totale" était incompatible avec une structure paritaire, ont trouvé pertinent de s'allier avec une structure aussi considérable que fortement institutionnalisée. Le vice-président de la sommitale d'Audiens en viendrait-il à critiquer Harmonie Mutuelle ?
Une union mutualiste moyennement appréciée
Si l'on en croit Jean-François Ropert, l'avenir de la mutuelle ex-Audiens ne devrait pas être très rose. Rejoignant "un conglomérat de mutuelles dans une UGM (union de groupement de mutuelles)", en l'occurrence Agrume groupe Harmonie, elle va se retrouver aux côtés de la mutuelle "des personnels de la BNP", de la mututelle "des Sapeurs-Pompiers du Gers" et, "en passant par la Lorraine", de celle des personnels des "tramways de Nancy". S'il ne porte aucun jugement de valeur sur ces institutions et s'il ne critique pas officiellement la décision de la mutuelle ex-Audiens de travailler en commun avec elles, on a toutefois le sentiment que M. Ropert se pose la question de la pertinence de leur coexistence au sein d'une UGM.
Ce premier doute en appelle un second, qui a trait à la future place de la mutuelle au sein du "satellite" Agrume et, plus encore, de la "galaxie" Harmonie Mutuelle. M. Ropert reconnaît, certes, que "la mutuelle conserve son conseil d’administration et son AG", "comme dans le groupe Audiens" juge-t-il nécessaire de préciser. Il n'en demeure pas moins que sa voix a toutes les chances d'être désormais peu audible. Ne rassemblant que 50000 à 60000 adhérents, contre un million pour Agrume et 4,5 millions pour Harmonie Mutuelle, la mutuelle aurait droit à 5 ou 6 délégués sur 100 à l'AG d'Agrume, à un poste d'administrateur, sur "30 à 38", au CA d'Agrume mais, en revanche, à rien ou presque dans les instances d'Harmonie.
Or, comme l'assure le vice-président d'Audiens, ce sont ces instances qui prennent les "décisions stratégiques" pour le groupe. Par conséquent, la mutuelle ex-Audiens pourrait bien, rapidement, devoir se soumettre à des orientations sur lesquelles elle n'aura pas vraiment eu son mot à dire. Un vrai paradoxe si l'on se souvient des raisons qui ont conduit les responsables de la mutuelle à quitter Audiens. A l'appui de sa démonstration, Jean-François Ropert évoque le cas du devenir du centre de santé René Laborie, lié à la mutuelle. Relevant désormais d'une structure qui dépend d'Harmonie Services Mutualistes, il est, de fait, sous le contrôle du président d'Harmonie. Prudent, M. Ropert n'en tire aucune conclusion explicite...
Nul doute que si MM. Joseph et Ropert se retrouvent lors de la prochaine réunion de la CGT livre et communication écrite, ils auront bien des choses à se dire...