L'actualité mutualiste des deux derniers mois a réservé deux surprises.
Début novembre, ADREA Mutuelle, APREVA et MCD EOVI, membres de l'alliance MUTEX, annonçaient leur rapprochement au sein d'une UMG qui n'incluerait pas l'autre grand partenaire de l'alliance, détenteur de 33% des parts: Harmonie Mutuelle.
A la mi-décembre, Harmonie annonçait son rapprochement probable avec la MGEN.
Ces deux mouvements sont évidemment liés et assez largement contradictoires.
D'une part, on voit mal comment trois membres d'une alliance pourraient sans dommage créer une UMG sans le principal acteur minoritaire de cette alliance. Inévitablement, le rapprochement des trois acteurs au sein d'une UMG soulevait des questions pour Harmonie.
D'autre part, Harmonie a probablement adressé sa réponse de berger pesant 33% à la bergère MUTEX en révélant avoir pris langue avec la MGEN. Là encore, on voit mal comment une opération de ce genre pourrait demeurer compatible avec le maintien en l'état de MUTEX.
Ce mouvement antagoniste a un intérêt: il complète la petite typologie des rapprochements qui s'opèrent dans l'univers de la protection sociale complémentaire.
MUTEX était un exemple intéressant de rapprochement sans fusion entre des acteurs exerçant le même métier. Si MUTEX avait l'exclusivité de l'activité prévoyance, chaque acteur conservait dans ses "frontières" l'activité santé, avec un objectif de partage des marchés au niveau national. Ce partage était l'objet même de la société anonyme MUTEX. L'expérience montre qu'une telle création ex nihilo d'une structure faîtière est tout sauf simple. En poussant un peu, on établirait même un parallèle avec la sortie de la MAIF hors de la SFEREN...
Le rapprochement de la MGEN et d'Harmonie sera à suivre, car il constitue une autre vision du rapprochement: les acteurs sont ici plus complémentaires que supplémentaires. La MGEN est une géant de l'individuelle, et HARMONIE a une dominante collective. Les synergies sont ici moins concurrentes que différentes, et c'est peut-être cette formule qui sera gagnante.
Tous les rapprochements entre structures cousines se soldent en effet par des complexités nouvelles que les organisations peinent à gérer correctement. Dans l'univers de la prévoyance, les fusions entre groupes montrent toutes les difficultés qu'elles créent. Dans un univers qui rechigne aux plans de sauvegarde et aux rationalisations, elles peuvent même se montrer redoutables à gérer et à digérer. Chacun a ici en tête des exemples illustrant sans peine cette particularité sociologique.
En attendant, une question cruciale se pose: qui remplacerait Harmonie dans l'alliance MUTEX au cas où Harmonie devrait en sortir? Une rumeur insistante veut que la MATMUT, qui est déjà entrée à hauteur de 4% au capital de MUTEX fin 2013, pourrait racheter les parts d'Harmonie.
Plusieurs arguments pourraient justifier ce mouvement. Outre les 4% détenus directement, la MATMUT travaille en étroit partenariat avec OCIANE, qui détient 5% de MUTEX. Daniel Havis fut à une époque vice-président de Prévadiès, maison bien connue par MUTEX, puisqu'ayant fusionné avec Harmonie. Le même Havis a recruté récemment comme directeur général Thierry Masson, ancien président du directoire de Mutex...