En milieu de semaine dernière, l'AG2R La Mondiale s'est félicitée à la fois de sa transformation en une Sgam prudentielle et de la création, dans le cadre de cette nouvelle Sgam, de la Sgaps AG2R La Mondiale. Cette dernière regroupe AG2R Réunica Prévoyance, AG. Mut, Viasanté Mutuelle, Réunica Mutuelle, la Mutuelle interprofessionnelle Antilles Guyane (Miag), la Mutuelle du Ministère de la Justice (MMJ), Prado Mutuelle et Territoria Mutuelle. "A ce jour", précise le communiqué de presse du GPS...
Coups bas entre co-régionnaires
En apparence anodine, cette précision ne l'est pourtant pas du tout en réalité. Certains observateurs avisés des affaires paritaires ont noté que plusieurs noms d'institutions importantes liées à l'actuelle Sgam AG2R La Mondiale ne font pas partie de la liste des heureux Sgapsés. Il s'agit, en particulier, de l'institution de prévoyance Arpège Prévoyance et de la mutuelle Muta Santé. Ces deux institutions sont très liées l'une à l'autre et sont actives avant tout dans le Nord-Est de la France, notamment... en Alsace. Or, cette terre est très chère à André Renaudin. Dans une telle configuration, on peut légitimement se demander ce qui peut expliquer ces deux absences remarquées de la Sgaps.
La raison en est, hélas, bien simple à comprendre. Récemment priées par les dirigeants de l'AG2R La Mondiale d'accepter leur intégration dans la Sgaps, les administrateurs d'Arpège Prévoyance - à l'exception de ceux de la CGT et d'une partie du collège employeurs - et de Muta Santé ont refusé de s'exécuter. Autant dire que, Boulevard Haussman, le coup de tonnerre a retenti fort. Interrogés par nos soins quant à leurs motivations, les responsables des deux institutions alsaciennes ont préféré ne pas nous répondre. Du côté de l'AG2R La Mondiale, on déplore cette mise en retraite : "Arpège et Muta Santé doivent une grande partie de leur développement à leur partenariat avec l'AG2R ! Leur décision est donc très difficile à comprendre". Et pourtant, elles l'ont prise.
Un impossible refus
Ce n'est, certes, pas la première fois qu'une mutuelle refuse d'être tout à fait intégrée à un ensemble assurantiel contrôlé par un groupe paritaire. On se souvient par exemple, qu'il y a peu de temps, l'ex-Mutuelle Audiens a préféré se séparer du GPS afin de rejoindre Harmonie Mutuelle. La logique "un homme, une voix" et celle du paritarisme ne s'avèrent pas toujours compatibles... Dans le cas de Muta Santé, il ne semble toutefois pas que ce soit pour une raison d'incompatibilité d'humeur avec le paritarisme que l'intégration à la Sgaps a été rejetée. Paradoxalement, la mutuelle n'a en effet pas fait état d'un quelconque désir de quitter la Sgam AG2R La Mondiale. En outre, nos sources indiquent qu'elle aurait bien plutôt suivi Arpège qu'été frondeuse en chef.
C'est ici que l'affaire prend tout son sens. Arpège Prévoyance, dont les moyens ne sont, ou presque, que ceux que l'AG2R veut bien mettre à sa disposition et qui, elle non plus, n'a pas exprimé sa volonté de quitter la Sgam, a malgré ceci fait le choix de faire un affront à sa maison-mère. Ce faisant, ceux d'entre les partenaires sociaux siégeant au CA de l'IP alsacienne qui ont voté contre l'intégration à la Sgaps ont voulu défier l'autorité des appareils confédéraux. Ces derniers ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : par le biais de leurs représentants à la sommitale de l'AG2R, ils ont, sans surprise, fait savoir tout le mal qu'ils pensaient de la décision des rebelles. Il faut croire que l'indépendantisme alsacien est définitivement passé de mode.
A tel point qu'une question se pose : combient de temps les responsables d'Arpège Prévoyance et de Muta Santé vont-ils pouvoir camper sur leurs positions ? Pas longtemps, probablement. Il se murmure déjà, ici ou là, en Alsace par exemple, qu'une majorité d'administrateurs d'Arpège commence déjà à chercher une porte de sortie