Comme le savent nos lecteurs, depuis de longs mois, les relations sociales ne sont pas au beau fixe dans les cabinets d'avocats. De rudes batailles ont lieu à l'intérieur du collègue salariés et du collège employeurs, ainsi qu'entre ces deux collèges. La commission paritaire du 25 novembre a de nouveau été l'occasion pour les partenaires sociaux de mettre en scène un beau spectacle.
Tirs croisés sur l'emploi
L'emploi était l'un des deux sujets à l'ordre du jour de la réunion paritaire. Il s'agissait d'une part d'évoquer le fonctionnement de la commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP). Des accords y sont négociés mais leur signature traîne souvent en longueur. En effet, certains syndicats de salariés, bien que minoritaires : le SPAAC-CGC (3,5 %) et la CFTC (16 %) trouvent à s'allier avec deux des huit organisations patronales : l'AEF et l'UPSA, afin de faire en sorte de ralentir le bon fonctionnement de la CPNEFP. Afin de contourner cet obstacle, "une grande majorité d’organisations tant patronales que syndicales" - d'après les termes de la CGT - a décidé de signer en CPN le dernier accord négocié en CPNEFP. Ambiance...
Particulièrement remonté contre cette queue de poisson, le SPAAC-CGC a tenté de reprendre la main. Il s'est distingué en faisant une proposition pour le moins singulière de création d'un nouvel échelon de classification. Fondé non pas sur un poste, un diplôme et des compétences, le coefficient 325 - qui se situerait entre le 300 et le 350 - serait atteint automatiquement par le salarié ayant été deux ans au coefficient 300. Le SPAAC-CGC n'a guère pu compter sur un soutien des grosses écuries syndicales. La CGT (26 %) tourne ainsi son projet en dérision : "Ce bidouillage des classifications ne paraît pas très sérieux", poursuivant : "c’est vraiment n’importe quoi". Du côté du patronat, ce fut un "tollé général". En bref : le coefficient 325 a fait "pschitttt".
Lutte de seconde classe sur les salaires
Après ces deux discussions rondement menées, il fallait bien aborder le deuxième gros thème de la journée : les salaires. Les échanges promettaient d'être intéressants ! D'après la CGT, "le patronat a presque pleuré", soulignant que "80 % de la profession serait sinistrée". Recourant au même registre larmoyant que le collège employeurs, la CGT a définitivement cassé l'ambiance. Elle "a posé la question à l’ensemble de l’assistance s’il était possible de vivre décemment" avec le niveau des salaires pratiqués dans la branche : "silence de mort et pour cause". Afin de bien démarrer la phase de négociation, la CGT a demandé 1800 euros en entrée de grille et le PMSS pour les cadres. Difficile d'engendrer un désaccord paritaire plus total...
Officiellement d'accord avec la CGT sur la question des cadres, les autres organisations syndicales se sont rapidement montrées plus raisonnables, en ne parlant plus de cette question. Pour tous les salariés, elles ont proposé 1,5 % d'augmentation. Les employeurs ont répondu qu'ils acceptaient 0,4 %. Les syndicats ont descendu à 1 %. Les employeurs ont maintenu à 0,4 %. La discussion n'est pas allée plus loin pour cette fois, même si la CGT ironise : "Quelques maladresses n’ont pas permis à l’intersyndicale de proposer 0.5 % mais il est bien possible qu’une nouvelle demande soit faite en ce sens". Quoiqu'il en soit, à 0,4 ou 0,5 % de hausse des minima salariaux, 2017 ne devrait pas être une année faste pour les salariés des cabinets d'avocats.