L'Afpa, qui emploie un peu moins de 7500 salariés, renégocie actuellement son régime frais de santé. Alors que la direction et les organisations syndicales se sont entendues sur les principales évolutions des garanties et des ressources du contrat, elles vont désormais devoir discuter de l'avenir du partenariat parfois complexe entre l'Afpa et Humanis.
Les réserves en ligne de mire
Du côté des organisations syndicales présentes à l'Afpa : la CGT, la CFDT, FO, Sud et la CFE-CGC, les réserves constituées par le régime frais de santé Humanis faisaient grincer des dents depuis un certain temps déjà. Il faut dire qu'elles sont plutôt confortables : près de 900000 euros à la fin de l'exercice 2016, d'après Humanis. Bien financé : la cotisation du salarié isolé dépasse les 50 euros, le régime est structurellement excédentaire. Il l'a d'ailleurs été plus encore cette année, du fait de la décision de l'assureur de ne plus prendre en charge, au 1er janvier 2016, certaines prestations "extra-contractuelles" : médecine douce, soutien psychologique et psychomoteur pour adultes et enfants et certains diagnostics non remboursés par la Sécurité sociale.
A l'occasion de la renégociation du régime de groupe, rendue nécessaire par sa transformation en un contrat responsable, les syndicats de salariés entendaient bien revenir sur son déséquilibre comptable positif. D'après nos informations, ils ont, pour cette raison, bien accueilli le rapport rédigé par le cabinet d'actuaires Spac. Il propose en effet de maintenir inchangé le taux de cotisation tout en incluant dans les garanties la plupart des anciennes prestations "extra-contractuelles" et en améliorant la garantie optique relative aux lunettes. Les mesures sur les garanties ayant un coût évalué à 7 % des prestations, elles permettraient, d'après les calculs de la Spac, de consommer les réserves d'ici à 2020. D'ici-là, la cigale a le temps de chanter...
Humanis en ballotage
Les négociateurs du régime santé de l'Afpa sont bien conscients du fait que le nouveau cahier des charges qu'ils viennent de négocier a toutes les chances de déplaire à Humanis. Si, par le passé, l'opérateur a pris des décisions susceptibles de ne pas entraver l'accroissement des réserves du régime santé, c'est en effet parce qu'il estimait que l'avenir de l'Afpa n'était pas suffisamment assuré pour s'engager dans une relation de confiance avec l'institution. Les craintes de l'assureur étaient d'autant plus vives qu'il y a quelques années encore, sa situation financière était moins saine qu'aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, sur le fond, de la validité de ces arguments, force est de constater qu'ils ont inégalement convaincu les responsables syndicaux et la direction de l'Afpa.
Dans cette configuration, la remise à plat du régime santé de l'institution pourrait être l'occasion d'un changement de son assureur. A cet égard, Sud a affirmé préférer une mutuelle à Humanis, qu'elle qualifie de "prestataire privé aux coûts de gestion prohibitifs", précisant : "8,5 à 9 % du montant des cotisations". La CFDT elle-même, pourtant réputée compréhensive à l'égard d'Humanis, estime, très enthousiaste, que l'appel d'offres devrait rencontrer un succès certain : "Nos comptes sont donc bien orchestrés, ce qui devrait entrainer beaucoup de prestataires dans la danse du prochain appel d’offres !" Prudente, la CFDT appelle, certes, les salariés à ne pas écorner la réputation de la mariée : "En attendant, pour limiter les frais… on raccommode nos chaussons !"