L’hôpital français est-il mal géré? En particulier, a-t-il une politique salariale globalement généreuse pour une productivité trop faible de son personnel? C’est que le panorama annuel de la DREES sur les établissements de santé en France laisse entrevoir.
L’hôpital public malade de sa politique salariale?
Mettons les pieds dans le plat: la politique salariale de l’hôpital public paraît singulièrement déséquilibrée et sous-optimale.
Comme on le voit, la différence moyenne de salaire entre les hôpitaux publics et les cliniques privées lucratives est d’environ 10% au bénéfice des salariés de l’hôpital public. Une fois de plus, ce sont les personnels qui bénéficient de la garantie de l’emploi qui perçoivent les rémunérations les plus élevées.
Sur l’ensemble des catégories de personnel, ces différences se vérifient, sauf sur les cadres de direction où les cliniques privées font le choix de rémunérer leurs managers environ 15% de plus que dans le public.
Cette situation paradoxale crée un différentiel symptomatique. Dans le public, la différence entre la rémunération moyenne des cadres administratifs et celle des médecins s’élève à près de 16.000 euros annuels. Autrement dit, un médecin de l’hôpital public gagne en moyenne 33% de plus que son directeur général. Dans le privé, les managers sont mois payés que les médecins, mais ce différentiel est réduit à moins de 10% et tend à l’égalité.
L’élitisme médical de l’hôpital public en cause?
Si l’hôpital public paie moins bien ses médecins que les établissements privés à but non lucratif, il n’en reste pas moins qu’il leur accorde une situation extrêmement privilégiée. Un médecin de l’hôpital public gagne, en moyenne, 5.000 euros de plus qu’un médecin d’une clinique privée.
Cette situation un peu inattendue pose probablement un sujet de fond: l’hôpital public perd-il de la rentabilité et de l’efficacité en accordant trop de poids aux médecins et en minorant la fonction managériale? Le sujet mériterait d’être approfondi.