Les concierges et gardiens d'immeubles forment une branche d'activité où le dialogue social fonctionne de manière plutôt paradoxale : il y est revêche mais relativement fécond. Ses tout derniers développements le confirment. Après une grave brouille paritaire au sujet des classifications, tout le monde a retrouvé ses esprits pour s'accorder sur la protection sociale.
La malheureuse affaire des classifications
Début 2015, après de longs mois de négociations, les partenaires sociaux de la branche se sont mis d'accord, à l'unanimité, pour revoir les classifications, avec application au 1er mars 2016. Peu de temps après, l'une des organisations patronales signataires, l'ARC, a signifié à ses adhérents qu'il n'était pas nécessaire de se précipiter et que la date du 1er mars n'était pas fatidique. Face à cette attitude, le SNIGIC, premier syndicat de salariés dans la branche (34 %), FO (17 %), la CFTC (3,5 %) et la CFE-CGC (2,5 %) ont demandé au ministère du Travail de se pencher sur la question de la représentativité de l'ARC. Ils estimaient même que l'ARC n'était pas une organisation patronale et, partant de là, ont décidé de ne plus participer aux travaux paritaires.
Souhaitant sans doute éviter de gâcher cette ambiance festive, le ministère du Travail n'a pas répondu favorablement, dans l'immédiat, au SNIGIC, à FO, à la CFTC et la CFE-CGC. "Le ministère a reçu les syndicats mais leur a expliqué qu'il ne prendrait aucune décision avant d'établir la représentativité des organisations patronales. C'est logique, car ceci devrait avoir lieu rapidement, d'ici 2017" précise un négociateur de branche. "En guise d'apaisement" - pour reprendre les termes de notre interlocuteur - l'ARC a, depuis, fait savoir à ses adhérents qu'il était "urgent" d'oeuvrer à l'application de l'accord sur les classifications. Tout en ironisant sur ce revirement, les opposants à l'ARC ont fini par reprendre le chemin des réunions paritaires de branche.
La protection sociale, du consensus peu coûteux
Il faut dire qu'à l'ordre du jour de la commission mixte paritaire du 3 juin, la protection sociale figurait en bonne place. Les salariés de la branche sont couverts en santé et en prévoyance, par un régime combiné. Humanis est le partenaire privilégié du secteur. "Nous devons mettre ce régime en conformité avec certaines évolutions juridiques récentes, puisque dans ce domaine, l'Etat change sans cesse les règles du jeu" explique notre source. Ainsi, il est actuellement question de chèque santé et de dispenses d'adhésion. "L'avenant pourrait être signé début juillet" estime le négociateur de branche. Une fois de plus, la protection sociale devrait réussir à créer du consensus à peu de frais entre les partenaires sociaux, relançant ainsi le dialogue social.
A plus long terme, c'est surtout la clarification de la représentativité patronale qui devrait permettre d'assainir les relations sociales. Actuellement, six organisations d'employeurs sont autour de la table. "C'est beaucoup, ça ne favorise pas la sérénité des débats" déplore un représentant des salariés, qui poursuit : "D'ici 2017, ils ne seront plus que deux, peut-être trois. Ca sera plus simple". Si elles font preuve de bonne volonté, ces deux ou trois organisations ne manqueront pas de trouver des interlocuteurs syndicaux fiables. La récente montée de fièvre du SNIGIC, de FO, de la CFTC et de la CFE-CGC ne saurait en effet masquer qu'ils sont, avec la CFDT, des syndicats plutôt modérés dans la branche - la CGT ne participant pas aux travaux paritaires.
Ainsi, après quelques mois difficiles, le partenariat social des concierges et gardiens d'immeubles voit son horizon s'éclaircir.